Ce matin, j’ai quitté la pluie sous les nuages et mon regard s’est échappé par delà les brumes et l’opacité des gouttes d’une ville grise et translucide. J’observe. Il pleut toujours et ma voiture se trompe de voie pour rouler dans des flaques qui s’apprêtent à la couvrir d’un manteau de perles La voiture fait chanter une flaque, la suivante crée le rythme et le bus qui les dépasse amorce des mélodies étranges toutes de moments non écoutés de répercussions solitaires. Les flaques deviennent enluminures sur les chapeaux noirs trop grands que les passants retiennent à bouts de bâtons repliables grotesques. D’autres ont oublié leurs chapeaux et se recroquevillent vers des chaussures trop petites et béantes sous le ciel. Les lacets se pressent. La pluie ne s’arrête jamais vraiment, ou pour un bref instant seulement. Elle s’interrompt dans des silences émouvants de lumière qui allume les gris, nuance les nuages écrasés de perles de pluie, écrase les chapeaux noirs qui se replient et cachent les bâtons grotesques qui soutenaient les nuages trop lourds.
Mais la pluie reprend, toujours, et la terre soupire de saveurs profondes de sec ressentiment. Les toits reluisent de nouveau et les nuages se voilent. La rue fredonne de l’intérieur sous les pas des passants et les roues des véhicules qui se pressent de nouveau. Les voix se taisent sous les chapeaux qui transitent de pub en pub, de parvis à parvis, de bus à train et de train à taxi. La ville grisonne sous un parapluie sombre de gouttes pesantes et translucides qui la couvrent. Les chapeaux jouent de nouveau, s’amusent à dissimuler et déployer leurs bras mécaniques et humains grotesques qui sortent de chaussures humides d’où les mains pointent vers le ciel sans jamais le regarder vraiment. J’ai alors retrouvé la pluie car j’ai vu mon bras s’étendre entre mes chaussures et mon chapeau noir qui soutenait le ciel.
Irène Corso
Manchester, 18 de junio 2001
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